Du stylisme sur mesure pour mieux accepter la maladie

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Anne-Cécile Ratsimbason, appliquant son travail de stylisme médical au port d’une pompe à insuline (que l’on voit sur le mannequin).

Anne-Cécile Ratsimbason a inventé un nouveau métier : styliste médicale. Elle crée des vêtements à la fois esthétiques et fonctionnels à destination de personnes qui souffrent de diverses pathologies.

Après des études d’art et de stylisme, c’est sur les conseils de son médecin traitant qu’Anne-Cécile Ratsimbason a décidé de se lancer dans l’aventure d’une activité inédite, conjuguant son métier et sa propre expérience de patiente cherchant à rendre sa maladie plus « supportable ». Ayant porté un corset une dizaine d’années durant, elle a en effet été confrontée aux difficultés, à l’inconfort de ce genre de dispositif médical. C’est donc à partir de son vécu qu’elle commence à réaliser des vêtements sur mesure. Et neuf mois après la création de son entreprise, elle reçoit le prix « Talent des cités 2015 » qui promeut les initiatives nées dans les quartiers populaires…

Du sur-mesure, adapté à chaque pathologie

Femmes victimes d’un cancer du sein, diabétiques porteurs d’une pompe à insuline, enfants obligés de porter un corset de scoliose ou une poche de stomie : Anne-Cécile Ratsimbason adapte les vêtements à chaque pathologie et à chaque âge afin d’améliorer la qualité de vie des patients. Les vêtements, conçus et réalisés sur mesure, s’adaptent aux besoins, mieux aux désirs de chacun, afin de mieux accepter sa maladie. Elle s’attache aussi à ce que les prix restent adaptés au budget de ses clients.

Son initiative est soutenue par le monde médical : elle travaille avec les hôpitaux de la région PACA, ainsi que Necker et Robert-Debré à Paris. Son travail exige d’ailleurs qu’elle soit en relation permanente avec des médecins pour que ses réalisations soient validées.

Pour l’instant, Anne-Cécile Ratsimbason travaille seule à la création et à la réalisation des pièces. Mais pour répondre à la demande qui ne cesse d’augmenter, elle envisage de faire appel à un ÉSAT (Établissement et service d’aide par le travail) qui emploie une dizaine de personnes.

À l’écoute des patientes

En ce printemps 2016, Anne-Cécile Ratsimbason réalise des vêtements pour des femmes qui ont des lymphoedèmes. Elle a rencontré les patientes du docteur Maria Arrault-Chaya à l’Hôpital Cognacq-Jay ; elles lui ont décrit leur lymphoedème du bras ou de la jambe, les problèmes que cela leur pose pour leurs mouvements quotidiens, mais aussi en termes de féminité. Autant de détails tout sauf anecdotiques au niveau de leur vie sociale, de leur image et donc de leur bien-être. Chacune des patientes lui a ensuite évoqué ses goûts vestimentaires, ses habitudes. L’objectif est d’accepter peu à peu cette « excroissance » présente dans leur silhouette, en concevant des tenues adaptées et personnalisées en fonction de chacune.

Enfin, depuis peu, Anne-Cécile Ratsimbason est partenaire du « fablab », atelier et laboratoire ouvert du pôle numérique de la santé à Nice, afin de créer des vêtements avec des textiles connectés qui permettont demain de répérer des symptômes et prévenir ainsi un retour ou une aggravation de la maladie. Elle y commence également la fabrication de petits meubles adaptés à certains handicaps… Aussi innovants voire futuristes peuvent-ils sembler, tous ces projets gardent le même objectif, très simple, d’améliorer ne serait-ce qu’un peu le quotidien des personnes qui font face à la maladie ou au handicap.