Depuis janvier 2016, pour la quatrième année consécutive, l’équipe de Stereolux a mis en route son « Thé numérique ». L’idée : faire réaliser un projet audiovisuel par des retraités, qu’ils restitueront devant un public. Ce projet en mode collaboratif permet de faire dialoguer des mondes et des générations qui trop souvent s’ignorent.
Ils sont à la retraite, mais ne veulent pas être inactifs. Ils ne connaissent pas forcément les outils numériques et ont souvent été éloignés de la culture et de la création durant leur parcours professionnel, mais ils ont encore soif d’apprendre, de transmettre. Encadrés par une artiste, ces seniors doivent mettre en place à travers un atelier hebdomadaire une dynamique de projet, afin de créer ensemble trois films photographiques. Pour y parvenir ils touchent à de multiples techniques, en studio ou sur le terrain : prise de vue photographique, vidéo, enregistrement et montage sonore, scénographie…
Ce qui les motive : le projet de création commune, les outils mis à leur disposition et l’envie de rencontrer de nouvelles personnes dans un contexte différent. Pour Monique, qui est l’une des participantes, cet atelier est l’occasion de « découvrir de nouvelles pratiques dans une autre optique que celle du travail. »
Stereolux, phare culturel et associatif de Nantes
L’atelier se déroule à Stereolux, lieu phare, culturel et associatif de Nantes, actif autour des musiques actuelles et des pratiques numériques. Son équipe mène des projets dédiés à un large public : s’y croisent notamment des scolaires et des publics éloignés des pratiques culturelles. Pour ces publics dit « empêchés », ils travaillent en coordination étroite et coconstruisent le projet avec les artistes associés, comme c’est le cas pour le Thé numérique.
Pour l’édition 2016 de Thé numérique, la photographe, auteure et réalisatrice sonore Adeline Praud fait profiter les seniors de son expérience transversale, notamment dans l’action culturelle et l’éducation populaire. « Cet atelier touche à un moment délicat : celui du passage de la vie active à la retraite, et au-delà de l’occupationnel, il propose une nouvelle façon de s’inscrire dans le monde », explique-t-elle.
Rompre l’isolement en créant
Depuis janvier, Adeline Praud accompagne un groupe soudé et impliqué. L’un des défis de Thé numérique est de donner confiance aux retraités afin qu’ils participent au processus de création. Leur faire raconter quelque chose à propos d’eux à travers une création n’est pas chose aisée. Mais c’est bien là tout l’enjeu de l’expérimentation : susciter l’envie de créer, de partager, pour mieux éviter l’isolement qui pourrait survenir avec l’inactivité. Et cela marche : certains réitérent l’expérience pour la seconde année de suite. Néanmoins, Thé numérique peine à trouver son public : seulement 6 personnes se sont inscrites au début 2016 pour une capacité de 12 personnes. Les explications sont de plusieurs ordres : la difficulté pour certains à s’inscrire dans une démarche créative, ou celle de faire venir les seniors dans un lieu qu’ils n‘ont pas pour habitude de fréquenter.
Lors du week-end des 25 et 26 juin 2016, à la fin de leurs travaux, les participants à l’atelier ont présenté leur « œuvre » devant un public. La restitution a été mise en scène et s’est déroulée à Stereolux pendant un week-end face à un large public. Les films produits vont être visionnables en ligne sur le site web de Stereolux d’ici la fin de l’année.