« L'après M - Venez comme vous êtes, solidaires ! »

Depuis le confinement du printemps 2020, dans les quartiers Nord de Marseille, l’ancien McDonald's de Saint-Barthélémy est devenu le poumon d’une multitude d’initiatives, d’abord pour répondre aux urgences et désormais pour apporter des solutions durables aux habitants les plus démunis : aide alimentaire, soutien aux sans-abris avec l’association La Maraude du Cœur, jardin partagé, collecte de vêtements, atelier de rap avec les enfants d’un centre social voisin, ouverture d’une bibliothèque gratuite, etc. L’Après M, acronyme d’Association de Préfiguration pour un Restaurant Economique et Solidaire, réunit le tissu social du quartier ainsi que des bénévoles de tous horizons, dont des bénéficiaires s’improvisant « aidants », pour s’entraider au jour le jour, mais aussi pour construire le projet d’un restaurant social et solidaire au pied des tours et des cités HLM. Reportage.

 

 

19 décembre 2020, au son de la fanfare du Pompier Poney Club, des centaines de personnes savourent, en veillant à respecter les précautions sanitaires, des burgers vegan, garnis de falafels et de crudités. Cette journée festive (dont le dessin a été réalisé à partir d'une photo d'Anthony Micallef) a pour objectif d’installer le projet de l’Après M, un restaurant à prix libre, alimenté par des produits locaux, où les plus démunis pourront profiter d'un menu suspendu, payé par ceux qui auront un peu plus de moyens.

L’histoire de l’Après M a sans doute commencé avec la crise sanitaire, en mars. Cet espace du McDonald's de Saint-Barthélémy, qui fut depuis 2018 le théâtre d'un conflit social avant d’être placé en liquidation judiciaire en décembre 2019, se transforme en une plate-forme d'actions solidaires, dont tout d’abord un dispositif d’aide alimentaire destinée aux familles des quartiers alentour. La multinationale laisse faire sans donner son accord, mais sans non plus tenter d'interrompre ce qui se met en place. Depuis, le lieu ne cesse d'amplifier ses activités grâce à tous les bénévoles qui s’engagent et les associations qui se mobilisent. Et de ce bouillonnement a émergé le projet emblématique d’un restaurant social et solidaire.

 

 

Kamel Guemari est le pilier de l’aventure de l’Après M. Ce syndicaliste a travaillé pendant vingt ans dans le McDo, comme équipier avant d’en devenir le directeur adjoint. À l’orée du printemps 2020, des 77 salariés du lieu, il ne reste plus que lui. Il a refusé son indemnité de départ, reste salarié du groupe McDo France, et maintient l’entretien du restaurant qui devait être cédé. Surtout il organise avec d’autres bénévoles sa transformation en espace de solidarité pour répondre aux conséquences sociales de la crise du Covid-19. En 2021, l’enjeu est de construire, sur ce socle, un projet durable. « Ici, on peut créer de la richesse humaine, dit-il. On veut mettre en place des services civiques et embaucher des gens. La seule issue, c'est l'entraide, mais ça ne peut pas suffire si notre détermination n'est pas entière. Le but, c'est ce restaurant à prix libres et menus suspendus, un lieu de réinsertion et d'implication : on veut pouvoir proposer une solution aux gens d'ici. La plate-forme solidaire et l'aide alimentaire vont aussi perdurer. Une fois le resto ouvert, la distribution de colis se ferait sur le parking. »

 

 

Une banderole témoigne de la grève qui s’est déroulée dans le restaurant, comme dans un autre temps. Le mobilier, la cuisine, les machines, les entrepôts, les chambres froides, les sanitaires, tout est resté intact. Dans la salle sont rangées des palettes de paquets de farine ou de bouteilles d'eau, des ballots de vêtements, une caisse remplie de cartables d'écoliers ou encore des jouets. Les locaux sont nettoyés très régulièrement, l'hygiène est irréprochable. La porte reste ouverte toute la journée et des gens passent souvent, pour déposer des dons, pour aider, ou simplement pour rester un moment.

 

 

Ahmed est un autre acteur de l'Après M. Toujours sur le pont, il organise, coordonne, donne sans cesse un coup de main, ici ou là. Toujours présent sur les actions et très attentif à ce que tout se passe au mieux. Il dort régulièrement sur place, car il est important que le lieu reste occupé. « Je suis étudiant en génie mécanique et maintenance industrielle. Je suis Algérien. J'ai un appartement à la Belle-de-Mai, et j'ai commencé à venir à l'Après M à l’automne 2020. J'ai participé en tant que bénévole à retaper, rénover le lieu. Il y avait besoin que des gens s'engagent durablement, alors j'ai décidé de m'investir à fond. Je m'occupe de tout ce qu'il y a à faire, prendre les inscriptions, faire les courses, préparer les colis, accueillir les gens, organiser, ranger, participer aux maraudes, etc. Bien sûr, parfois, j'ai besoin de repasser chez moi, me détendre, prendre une douche, me changer, mais le plus souvent, je suis ici. »

 

 

Ouarda et Ahmed rangent les provisions dans la chambre froide. Ce matin-là, un commerçant arrive du marché de gros des Arnavaux, pour apporter des légumes invendus. Ouarda, elle, est d'abord venue à l'Après M en tant que bénéficiaire. « En novembre je n'avais plus de quoi tenir. J'ai quatre enfants et je suis seule avec les deux plus jeunes. J'ai perdu mon emploi et je ne pouvais plus m'en sortir. Ici c'est “vous avez faim, on est là”. Des gens donnent et d'autres redistribuent, c'est bien. Il y a besoin de gens ici, j'ai demandé si je pouvais venir aider. J'ai du temps, donc je viens. Ce matin, c'est la deuxième fois. Ce qu'offre l'Après M, c'est ce dont on a besoin. Hier, ma fille a participé à des ateliers cuisine avec des chefs cuistots. Ici, on est aussi “nourris” de nous retrouver tous ensemble, on peut être rassasiés autrement. »

 

 

Lundi, c'est jour de distribution des colis alimentaires. Dans la cuisine, l'activité est intense. Une vingtaine de personnes sont mobilisées, pour acheminer les marchandises et préparer les colis. Tout ce qui est distribué à l'Après M provient de dons. Soit les gens donnent de l'argent, soit les marchandises sont apportées directement. Mourad coordonne la distribution et la gestion des stocks. « Le matin, on a du frais, des yaourts, du fromage, des fruits et légumes, c'est ce qui part en premier. Chaque lundi, on distribue plusieurs milliers d'euros de provisions, et chaque semaine, en tout, il y a environ 5000 euros de marchandises qui entrent dans les stocks. »  Ce matin, dans un colis, des pâtes, de la farine, du sel, des cordons bleus halal, des boîtes de haricot, des compotes, du pain, etc. Ensuite, il y a le frais, selon ce qui se présente : concombres, brocolis, oignons, poireaux, patates, choux de Bruxelles, fenouils, clémentines, bananes, oranges, etc.

 

 

Dès 6h du matin, des centaines de personnes commencent à arriver sur le parking. Vers 8h, voire plus tôt, la distribution commence. Yazid, assis à la table, avec un bonnet, s'occupe de l'accueil. Pour faciliter l'organisation, le principe est de donner une carte à chaque bénéficiaire. Sur cette carte, il y a une quinzaine de cases à cocher, qui indiquent le nombre de passages. Yazid distribue les cartes ou vérifie celles de ceux qui en ont déjà une. « On ne prend pas les noms, ils peuvent l'ajouter ensuite. On ne marque que les cases », explique-t-il. Il est physionomiste, retient bien les visages, et sait si une personne est déjà venue. En théorie, on ne peut passer qu'une fois, chaque lundi, pour que le plus grand nombre puisse bénéficier de l'aide. Parfois des gens essaient de revenir, Yazid est vigilant et explique gentiment que ce n’est pas possible. Il arrive que des gens parviennent à repasser. « S'ils viennent plusieurs fois, c'est qu'ils en ont besoin, lance Kamel. Alors si on a, on leur donne. »

 

 

Chaque lundi, environ 1000 personnes récupèrent un colis alimentaire. 70 personnes au maximum peuvent faire la queue au même moment, il y a des marquages au sol tous les mètres. Toutes les précautions dues à l'épidémie de covid-19, port du masque, lavage des mains, distances à tenir, sont attentivement respectées. Le fonctionnement avec une carte permet de réguler les passages et de laisser patienter les gens sur le parking, le temps que des places se libèrent. Les bénévoles (ici Thomas, en veste blanche) veillent à ce que la file d'attente soit fluide, sans heurt ni cohue.

Rokya et Assoumani sont Comoriennes, elles sont venues pour la première fois aujourd'hui. C'est par la communauté de leur pays d’origine qu'elles ont eu connaissance de cette distribution. Avec cinq enfants, Assoumani continuera à venir. « C'est utile, et même indispensable. »

 

 

Il y a deux points de distribution des colis, aux fenêtres de ce qui était le drive à l'époque du McDo. Jusqu'à midi, la file d'attente ne désemplit pas, puis l'affluence devient moindre, et vers 13h la distribution se termine. Lila, en veste grise, est bénévole régulière depuis deux mois. « Je suis déjà venue pendant le premier confinement, et je savais qu'ils cherchaient du monde pour les distributions. Je suis hôtesse de l'air, au chômage, car ma compagnie a fermé. Je devrais pouvoir retrouver une place, mais pour le moment, c'est verrouillé, car il y a trop peu de vols. J'ai du temps, j'ai envie de faire des choses, rester active et aider. Ce matin, on a distribué entre 900 et 1000 colis. Quand les colis préparés sont terminés, on en refait au fur et à mesure, avec les produits qui nous restent. Par exemple, pour les derniers colis, on n'avait pas d'huile, alors on compense avec d'autres choses. Ici, je sais quand j'arrive, et je ne sais jamais quand je repars ! »

 

 

Après la distribution du lundi, l'équipe de bénévoles débriefe la matinée. Fathi Bouaroua, à l'avant-plan, est le président de l'Après M. « Lors du premier confinement, j'étais engagé sur tous les fronts, j'étais à l'époque président d'Emmaüs Pointe Rouge. On avait accès à la Banque alimentaire et on apportait ici tous les jours une tonne de nourriture. En tout 55 tonnes sur la durée du confinement, pour 40 000 bénéficiaires. Le fonctionnement était différent, les gens ne venaient pas ici pour chercher des colis. Il y avait des référents désignés, qui venaient récupérer la nourriture, puis l'apportaient dans chaque cité, chaque quartier, et la distribution était organisée sur place. » Par la suite, il a quitté Emmaüs Pointe Rouge, et au sortir du printemps a participé à la création de l'association Après M. « Le but n'est pas de faire de l'aide alimentaire. L’idée est de récupérer le lieu pour qu'il devienne celui des habitants et des ex-salariés et se transforme en un restaurant social et solidaire. Mais les besoins n'ont pas cessé. Alors on doit d'abord faire face à l'urgence. »

 

 

Parmi les urgences, il y a celle de venir en aide aux sans-abris. La Maraude du Cœur a une partie de la cuisine qui lui est dédiée, pour entreposer du matériel et des provisions. L'association a rejoint le lieu à partir du deuxième confinement, à l’automne 2020. Elle organise une distribution hebdomadaire de repas chauds et de vêtements en centre-ville. Une dizaine de personnes sont présentes, ce soir-là, pour préparer la maraude. À l'Après M, il y a toujours plein d’actions en cours, en même temps bien souvent. Ici, pour répondre à tous les besoins de solidarité, la vie bouillonne, en un mélange d'effervescence et de sérénité.

Dans les marmites, la soupe de pois cassés mijote. Farida et Sabrina cuisinent, et une jeune fille les aide à préparer quelques barquettes à l'avance, avec de la soupe et un morceau de viande. La plupart des repas seront servis directement lors de la maraude. C'est bientôt prêt, le convoi de véhicules va démarrer. Ahmed se joint à l'équipe. Départ prévu pour 17h30.

 

 

Chaque jeudi, Farida prépare les repas qui seront distribués le soir aux sans-abris. « Je fais partie de la Maraude du Cœur, je m'occupe beaucoup de l'organisation. On se rend en centre-ville pour distribuer des repas chauds et des vêtements. Une autre équipe va également dans les quartiers nord, vers les Puces. Avant le couvre-feu, on faisait une maraude fixe à Saint Charles. Maintenant, à cause du confinement à 18h, on reste un moment en statique, puis on part en maraude mobile, pour éviter que les gens restent rassemblés trop longtemps sur un même endroit. Je viens très souvent tôt le matin à l'Après M. Le jeudi, je suis là à 7h30, je prépare la cuisine, les marmites, et je commence à faire les repas pour 300 personnes. Puis le soir, la maraude se met en route, mais généralement je ne la suis pas. »

 

 

Face à la fac Saint-Charles, en bas de la gare, la Maraude du Cœur s'installe vers 18h et commence la distribution des repas pour les plus démunis. Une quinzaine de bénévoles préparent des sachets en plastique, contenant une barquette de soupe, un morceau de pain, une banane, une bouteille d'eau. La maraude reste là environ quarante minutes. Une centaine de personnes viennent prendre un sachet. Puis les gens s'assoient, sur les bordures des arbres ou sur des marches d'escaliers, et commencent à manger. Il fait très froid ce soir. La maraude quitte le parvis de la fac et monte vers la gare, en poussant un chariot et des poussettes avec la marmite de soupe et des vêtements à donner. Des personnes s'approchent, prennent un sachet avec la nourriture, des habits aussi si elles le souhaitent. « Vous voulez la parka ? », demande une bénévole à un homme qui lui répond : « Non, gardez-la pour les autres. » Sur les grands escaliers de la gare, plusieurs personnes sont rassemblées, elles dorment juste en dessous, sur une dizaine de matelas étendus au sol. Il y a un peu de tension, de l'agressivité qui couve, peut-être sous l'effet du dénuement mêlé à l'alcool. Finalement la distribution se passe bien, la maraude se remet en route, descend vers Belsunce et les Carmes, et continue de tourner en centre-ville jusqu'à environ 21h.

 

 

Yazid et Paul démontent des palettes pour fabriquer des bacs de plantation et s'apprêtent à transformer un vieux chariot en serre. Yazid habite à côté de l’Après M, à la cité SNCF. Il s'occupe de l'accueil le lundi, lors de la distribution, et du jardin le reste du temps. Des ateliers pour entretenir le jardin de l’Après M ont lieu presque tous les jours. « J'ai monté un projet de potager dans la cité où je vis, le bailleur l'a accepté. J'utilise une parcelle de 40 mètres carrés. On est en autosuffisance alimentaire ma femme et moi, et même, on en a de trop, alors on en donne. En décembre, j'ai rencontré Kamel, je lui ai proposé de faire la végétalisation du lieu. Je suis devenu responsable du projet, qu'on a nommé Terre de Partage. On va utiliser tous les terre-pleins alentours. On a déjà mis quelques arbres fruitiers, des pommiers, des poiriers, des cognassiers, des avocats, on a construit un composteur, et on va faire plusieurs bacs potagers. »

 

 

Paul vient de Hambourg. Fin 2020, il a vu sur Arte un reportage sur l'Après M et il a eu envie de venir pour s'investir dans le projet. Il aide à la distribution du lundi et à la création du jardin. « Je me suis mis en contact via Facebook avec Salim Grabsi (un autre des initiateurs de l'Après M), du Syndicat des Quartiers Populaires de Marseille. Puis j'ai discuté aussi avec Kamel, je leur ai proposé de venir pour aider. Je suis arrivé en janvier, j'ai trouvé une colocation pas loin, à Saint Jérôme, et je compte rester six mois ici. J'ai un petit boulot que je fais en télétravail six heures par semaine, juste pour avoir un peu d'argent. Sinon, j'ai du temps, alors je viens souvent, presque tous les jours, avec mon vélo c'est rapide. Je suis ici pour aider partout où il y a besoin. Je voulais trouver quelque chose qui donne du sens à ma vie. Il y a un autre gars allemand qui vient aussi. Hier, pendant la distribution alimentaire, on a commencé à discuter en français, en distribuant le pain, c'était drôle ! Après on s'est remis à parler allemand. »

 

 

Un bénévole dépose du compost dans une parcelle de terre aux abords de l'Après M.

« Ici, c'est le lieu des possibles. Chacun a des capacités, chacun peut se projeter. Il faut que ça reste comme ça », insiste Fathi Bouaroua. Végétaliser le site est l'un de ces « possibles », qui accompagne l'enjeu majeur : la création du restaurant social et solidaire. « Il pourrait voir le jour sous la forme d'une Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC), poursuit Fathi. Pour cela, il faudrait trois collèges, répartis équitablement, représentant à la fois les ex-salariés du McDo, les habitants du quartier, et les institutions et partenaires. Pour faire vivre ce projet, il faut que nous puissions récupérer le lieu. L'idéal serait que la part du peuple rachète le resto du peuple. Pour cela, il faudrait créer une Société Civile Immobilière (SCI), avec 100 000 personnes qui verseraient chacune 25 euros. Grâce à ceux qui peuvent mettre plus, on créerait des parts suspendues, sur le modèle des cafés suspendus, qui reviendraient aux habitants du quartier. Quand le capital sera constitué, on fera une offre d'achat à McDo. Mais pour nous, acheter le lieu, ce n'est pas indispensable. Ce qu'on veut, c'est en avoir la propriété d'usage. »

 

 

Leïla et un jeune homme trient et rangent des livres. L'ouverture d'une bibliothèque est en cours de préparation. Dans ce quartier, délaissé par les pouvoirs publics, l'Après M est devenu une ruche de projets, un repère voire un foyer pour les habitants. « Ce côté participatif et populaire, libertaire aussi, c'est ce qu'on veut mettre en place, continue Fathi. Ça paraît un peu déstabilisant pour les circuits institutionnels, mais c'est notre ambition. On a un certain soutien de la municipalité, qui fait le relais entre McDo et nous. »

Benoît Payan, le maire de Marseille, s'est rendu sur place en janvier, signe que le projet est pris au sérieux. « On arrive à trouver des points d'entente avec la mairie, ajoute Fathi. Si McDo et la ville se mettent d'accord, que McDo vend à la ville, ou que la mairie préempte le lieu, et qu'ensuite on peut l'utiliser, ça nous conviendra. Un autre scénario serait que McDo vende, ou cède le lieu à une fondation, par exemple la fondation Abbé Pierre, et que la fondation nous laisse l'usage du lieu pour mener à bien notre projet. »

 

 

Le mercredi, les enfants participent à un atelier de rap. Ils viennent d'un centre social voisin, au Canet. « On vient ici grâce à Sarah, de l'association Dyhia, qui connaît mon responsable et nous a mis en lien », précise Delfina, l’animatrice qui les emmène. Au centre social, ils font aussi un atelier d'écriture rap, le jeudi et le vendredi. Ici, c'est Alteros qui anime l'atelier, pour une dizaine de gamins de 8 à 12 ans. « Je fais des ateliers depuis plusieurs années, principalement en Maison d'enfants à caractère social. Je connais Kamel, depuis longtemps. On a tourné le clip d'une chanson ici, Marseille, comme vous êtes”, qui est sorti à Noël. C’est comme ça qu’on a mis en place ces ateliers en janvier. On en a déjà fait cinq, dont deux avec le centre social du Canet. Aujourd'hui, on a travaillé sur l'imaginaire, la métaphore, les comparaisons, les envies d'ailleurs, ça permet de s'échapper. »

 

 

Pendant que les enfants jouent et s'amusent, leurs parents cherchent des vêtements dans un « magasin gratuit ». C'est Sarah, avec son association Dyhia, qui l'a organisé. « Hier on a tout trié, jusqu'à 2h du matin. On vérifie que tout est propre et en bon état. Puis on prévient tout le monde par SMS qu'on sera là l'après-midi. On pose tout sur les tables de la terrasse et les gens se servent. » En fond sonore, une enceinte diffuse la musique de Jul, le rappeur marseillais. L'ambiance est plutôt à la fête, les enfants en profitent, ils grimpent sur la grande structure, le toboggan à hublots qu'on trouve dans la plupart des McDo. Puis un goûter leur est servi, des petits gâteaux, des boissons. Vers 17h, une vingtaine de personnes aident pour tout ranger. « Il y a beaucoup de bénévoles et d’associations qui interviennent ici, relève Sarah. L'Après M, c'est l'objectif de tous. » Une banderole est dressée sur la terrasse : « L'après M - Venez comme vous êtes, solidaires ! » Sur le parking, la serre réalisée par Yazid et Paul est remplie de petits godets, les graines de fruits et légumes commencent à germer. Dans la salle, il y a des plaques de semis au sol, du persil, de la menthe, et d'autres pousses. « Apprenez à nous connaître avant de nous juger, lance Kamel. À tout le monde, nous disons, “aidez-nous à aider” ! »

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L'Après M, dans les quartiers nord de Marseille, fédère des dizaines de collectifs et d'associations et des centaines de bénévoles.

Cette plate-forme de solidarité a permis à 40 000 personnes de bénéficier d'aide alimentaire lors du confinement du printemps 2020. Désormais, la distribution de 1000 colis alimentaires a lieu chaque lundi. Toutes les semaines, environ 5000 euros de marchandises sont stockées sur place.

Le lieu rassemble une multitude d'initiatives solidaires. Toutes ne reposent que sur les dons des particuliers et l'engagement des bénévoles. Le récent incendie du data center d'OVH à Strasbourg a eu des conséquences pour l'Après M : les fonds de la cagnotte en ligne sur Cotizup sont actuellement indisponibles. Une autre cagnotte a été rapidement mise en place sur le site Gofundme.