Bénévoles nantais pendant la crise : 1. Atelier de masques à la mosquée

Les mesures de confinement ont contraint les associations nantaises à faire appel à denouvelles forces vives pour subvenir aux besoins des précaires, les retraités souventtrès actifs devant rester à leur domicile. D’où cette galerie de portraits de certains de ces nouveaux bénévoles, rencontrés lors de trois reportages. Voici le premier, réalisé le 25 avril à la mosquée de Nantes devenue un atelier de création de masques pour les plus démunis face à la pandémie.

 

Melissa, à la machine à coudre, finalise l’un des masques de protection qui seront distribués à des migrants, à des personnes sans-abri mais aussi à un EHPAD du quartier de la mosquéeAssalam de Nantes. Secrétaire intérimaire, elle devait débuter une mission le jour du confinement. Annulée ! Finalement, elle a rejoint l’équipe de bénévoles le mercredi 23 avril,trois jours après le lancement de l’atelier. Cette jeune femme y apporte son savoir-faire, « quinze années de couture pour le plaisir », ainsi que trois machines à coudre qu’elle possède. « En ces temps de pénurie, c’était pour moi une évidence ! » Elle travaille 8 heures par jour, à la confection et à la formation des bénévoles qui utilisent les machines à coudre. Car comme le dit Catherine Mils, présidente de France Bénévolat Nantes Atlantique, l’une des associations faisant le lien entre projets et citoyens à Nantes (comme la Réserve civique ou Nantes Entraide), jamais il n’y a eu autant de propositions de bénévolat de la part de « personnes de moins de 60 ans qui ont un vrai savoir-faire et une volonté de s’engager ». 

 

Plus d’un mois entre la bonne idée et sa mise en pratique

Le 13 mars 2020, le recteur de la mosquée Assalam, Bachir Boukher (sur la photo) a annoncé à que la prière était suspendue à l’intérieur de l’édifice religieux et que le collège musulman attenant la mosquée fermait ses portes. Mais avec certains des fidèles de ce lieu, il est entré en contact avec l’association nantaise « d’aide humanitaire et médicale » Le Devoir d’Agir : ensemble, ils ont transformé une salle de classe du collège musulman en atelier de confection de masques, dans le respect des règles de distanciation et des critères validés et publiés le 27 mars par l’AFNOR (Agence française de normalisation) pour ce type de matériel. Il faudra attendre le 20 avril avant qu’il soit enfin effectif.

 

 

À la mi-avril, l’appel aux bénévoles a été diffusé sur les réseaux sociaux et les personnes se sont lancées dans la découpe. « On a passé commande de dix grands rouleaux chez un fabricant de tissu, d’un coton qui répond aux normes sanitaires », explique le recteur. « Parmi les bénévoles, il y a des fidèles, mais aussi plein des gens qui n’étaient jamais venus. Des musulmans comme des non musulmans », précise Bachir Boukher, fier de cette ouverture à tous ceux et à celles prompts à s’engager. La plupart des bénévoles, comme Arnold, informaticien en photo ci-dessus avec l’un de ces rouleaux entre les mains, ne connaissaient pas la confection. Tous se sont formés sur le tas, avec ceux des bénévoles ayant une expertise de fabrication. « Après des ratés le premier jour, nous produisons désormais en moyenne 350 masques par jour », dit Bachir Boukher.

 

 

Cindy (à gauche de l’image) est chargée de clientèle. Elle est venue prêter main forte à l’atelier pour la première fois ce samedi après-midi, « dès que j’ai pu faire garder mes enfants ». Débutante en confection, elle s’est formée en quelques heures. Elle tâtonne encore un peu. « Dès que j’arrive à attraper un regard, je demande de l’aide », reconnaît-elle en riant.

 

Des bénévoles de tous horizons et confessions

Rkya (à droite sur la photo) est responsable de l’atelier. Depuis le lancement de la fabricationle 20 avril, elle a formé à la confection de masques six personnes, maintenant autonomes. Nourrice à domicile, au chômage depuis le confinement, elle voulait d’autant plus aider qu’elle avait participé auparavant à certaines des distributions de repas qu’organisait depuis six mois la mosquée, pour tous ceux en ayant besoin et sans justification. L’établissement continue d’ailleurs à distribuer des paniers de solidarité, trois fois par semaine. 

Elle s’est tout de suite retrouvée dans le discours du recteur : « Nous œuvrons au contact des réfugiés et des personnes âgées. Nous nous sommes rendu compte que certains n'étaient même pas au courant des gestes et attitudes à adopter pour se protéger et protéger les autres. Ces personnes-là n'ont pas la possibilité ni les moyens financiers de se procurer des masques. » Depuis le lundi 27 avril, les bénévoles ont pu ainsi distribuer des masques dans les maisons de retraite.

 

A lire dans la suite de ce sujet, notre deux autres reportages sur la nouvelle génération de bénévoles à Nantes : l'aide alimentaire au Watignies Social Club, et l'aide aux étudiants démunis sur le Campus du Tertre avec la SupreNantes Épicerie.