Dossier / L’aide aux acteurs sociaux

Génération affranchie (3) : des défis pour les organisations

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Dans le cadre du Réseau Universités Sans frontières, des étudiants de l’université Paris 8 accompagnent d’autres étudiants migrants dans leur démarche administrative. ©© Mathieu Oui

Ce troisième volet de l’enquête sur l’engagement des jeunes aborde les défis posés aux organisations par leurs nouvelles pratiques et les pistes d’amélioration pour que tous, les jeunes volontaires comme les structures qui les accueillent, y trouvent leur compte. L’accompagnement des bénévoles et un accueil plus inclusif sont quelques-uns des leviers possibles pour faire évoluer les pratiques, afin de répondre au désir d’engagement des jeunes évoqué dans un premier article, mais également d’adapter les propositions aux modalités d’action décrites dans notre deuxième volet d’enquête.  

 

Si le constat d’un engagement plus ponctuel des jeunes est partagé, il n’est pas sans poser question tant il bouscule les formats traditionnels d’organisation. Cette volatilité des jeunes volontaires qui peuvent passer d’une cause à une autre, s’engager puis se désinvestir rapidement, interpelle, voire fragilise les associations solidaires et structures du domaine sanitaire et social. Certains y voient même une redéfinition des principes de la solidarité. « Ce nouveau bénévolat très ponctuel et sans contraintes correspond à une forme d’uberisation de la solidarité », reconnaissait sans faux-semblant Yovann Pigenet, le jeune président fondateur de Delivr’aide, lors des Rencontres solidaires du 1er avril 2022. Parmi les bénévoles de cette jeune association qui livrent les paniers repas aux étudiants, bon nombre le font à leur rythme, en fonction de leur planning et sans s’engager plus avant dans l’association. « Beaucoup veulent bien investir un peu de temps mais sans obligation de participer à la vie de l’association. Par exemple, ils vont s’inscrire sur le planning en ligne pour une livraison, s’ils ont un peu de temps libre après le travail. Certains font des livraisons une fois par semaine, deux fois par semaine, d’autres une fois tous les trois mois. D’un côté, on perd l’aspect de socialisation, de liens entre les bénévoles, mais de l’autre, cela nous permet de toucher des personnes qui n’auraient pas eu de velléité à rejoindre le monde associatif », relativise Yovann.

S’il insuffle une nouvelle dynamique, attirant un public plus jeune, voire plus diversifié socialement, ce bénévolat plus volatile s’avère surtout difficile à concilier avec des actions établies sur la durée. « Il s’agit clairement de l’enjeu actuel, confirme Théo Madec Guillot, d’InterAsso Nantes. Il faut trouver le bon équilibre entre un engagement peut-être plus fort mais aussi plus éphémère. » Comment articuler le travail des bénévoles ponctuels avec ceux qui permettent, dans la permanence, à la structure d’avancer et de développer des projets à moyen ou long terme ? « Les associations doivent faire preuve d’une certaine souplesse tout en gardant une certaine exigence, estime de son côté Do Huynh, directeur des Détritivores, toujours lors de la table ronde organisée à l’occasion des Rencontres solidaires du 1er avril 2022. Car il faut un peu plus qu’un seul post-it pour écrire toute une page. L’enjeu est alors de voir comment on invite à poser le deuxième, le troisième ou le quatrième post-it qui va permettre de raconter une vraie histoire. »

Face aux associations, de nouvelles attentes

Le désengagement des bénévoles, une tendance au zapping entre plusieurs associations, l’atomisation des actions constituent en effet les revers de la médaille de cette nouvelle flexibilité. Selon son étude d’impact social, deux tiers des personnes inscrites sur la plateforme de Paris en compagnie n’ont pas franchi la première étape, celle de la première réunion. Et parmi les 35% restant, un tiers des inscrits n’a réalisé aucun accompagnement après cette première réunion. Au final, seuls 14% des inscrits s’engagent réellement dans un accompagnement bénévole des seniors (Étude d’impact social du dispositif Paris en compagnie, Cabinet Pluricité, Juin 2021). Le manque de temps est la première raison invoquée pour ces abandons. La fin du confinement et la reprise d’une activité professionnelle ont certainement aussi eu un impact. L’appréhension de ne pas savoir comment se comporter avec des seniors ou une mauvaise première expérience sont d’autres causes invoquées, de même que la recherche d’un engagement plus collectif.

Ce désengagement peut s’expliquer par une attitude plus impulsive vis-à-vis de l’engagement, parfois liée à un événement ou une médiatisation, et qui, une fois l’émotion passée, peut retomber tout aussi vite. Mais ce désintérêt renvoie aussi à de fortes attentes des jeunes, pas toujours satisfaites dans les structures où ils s’engagent. Comme le montre l’enquête La France Bénévole 2022, les plus jeunes sont, parmi l’ensemble des Français, les plus critiques vis-à-vis des associations. Ils pointent notamment le manque de dynamisme, les effets limités de l’action ou encore le peu de moyens matériels et humains. Offrir un cadre d’actions plus souples et ponctuelles ne suffit donc pas à combler leurs attentes et à attirer les jeunes au niveau des besoins. Le partage de moments de convivialité, la valorisation de l’engagement dans le cadre des études ou de l’emploi figurent aussi en tête des attentes des moins de 25 ans. En revanche, la question de l’engagement vers des causes moins « attractives » – la santé, le grand-âge, le handicap – reste posée, tout comme celle des leviers à déployer par les organisations concernées pour sensibiliser les jeunes à leurs actions.

L’accompagnement : indispensable mais trop souvent négligé

Pour les structures associatives, savoir comment fonctionner durablement sans un minimum de stabilité dans les équipes de volontaires est devenu une réelle problématique. « Avec ce système de bénévolat à la carte, c’est pour nous un challenge de réussir à mobiliser nos bénévoles sur la durée », admet Nesma Hatem, coordinatrice des opérations à Paris en compagnie. Car l’association n’arrive pas à répondre à la demande : sur 130 à 140 demandes de sorties par semaines, seules 110 environ sont effectivement réalisées. « Le recrutement reste toujours un fort enjeu pour nous. »

Le manque de préparation face à une réalité particulièrement dure peut également être très éprouvant et remettre en cause l’investissement des volontaires. L’équipe d’Utopia 56 constate ainsi « un important turn-over chez ces jeunes bénévoles, extrêmement sollicités et “secoués” par les histoires de ceux qu’ils ont choisi d’aider ». Et ce d’autant plus s’ils ne sont pas vraiment formés ou préparés. « Ma formation m’a permis d’amortir le choc de situations extrêmement difficiles », confirme Chloé, infirmière de profession. « Voir un bébé de deux semaines avec sa mère de vingt ans à la rue, il faut pouvoir “encaisser”. Soit on tient le coup, et on apprend à vivre avec cette dureté, soit il faut tout de suite arrêter. C’est très dur, cela nécessite de prendre une distance. »

Ces fluctuations dans l’engagement solidaire montrent bien combien le suivi des missions et l’accompagnement des bénévoles restent des points clef pour les associations. Il s’agit d’« un enjeu de légitimité » pour les volontaires estime Josepha Poret, la directrice de Ronalpia. « Les nouveaux bénévoles se demandent s’ils seront en capacité d’être face à un public en précarité, avec des personnes qu’ils n’ont pas l’habitude de croiser. L’enjeu est alors de les accompagner à gagner en compétences. » Pourtant « cet accompagnement est souvent très insuffisant », reconnaît la directrice de l’incubateur ronalpin, généralement par manque de temps ou parce que les équipes permanentes sont souvent très réduites et donc débordées. « L’accompagnement nécessite de prendre le temps d’expliquer à quoi chacun participe dans la chaîne de valeur globale. Cet échange sur le sens de l’action et sa qualité, aide à renforcer le sentiment d’utilité. » Le directeur des Détritivores, Do Huynh reconnaît lui aussi l’importance de « consacrer du temps » aux bénévoles. « On a souvent tendance à zapper, mais il faut se poser pour être avec eux. Je crois beaucoup à l’échange autour de la machine à café, cela nous a beaucoup manqué lors du confinement. »

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Pour fédérer les bénévoles et développer un sentiment de communauté, des associations comme Paris en Compagnie proposent aux bénévoles des événements conviviaux ou des formations afin de développer leur expertise. ©© Mathieu Oui

 

Mettre en place un esprit de communauté

« Développer un esprit de communauté auprès des bénévoles leur permet de se sentir rattachés à une équipe et investis d’une mission », renchérit Nesma Hatem, pour Paris en compagnie. L’association parisienne a mis en place des groupes WhatsApp réunissant des bénévoles d’un même quartier autour d’un ambassadeur, afin d’échanger autour d’événements conviviaux. « Sur le groupe que j’anime, je propose chaque mois de se retrouver autour d’un apéro, d’une sortie culturelle ou d’un pique-nique, détaille Julie, ambassadrice pour le XI° arrondissement. Nous proposons aussi aux aînés du quartier d’y participer. Cela me permet de rencontrer d’autres bénévoles du quartier et de nouer des liens. Et quand on recherche un bénévole pour une sortie d’un senior, j’envoie un message sur le groupe WhatsApp pour trouver une personne disponible. » L’association propose également des formations, portant sur les premiers secours, le vieillissement ou le handicap, afin de faciliter l’accompagnement des seniors et pérenniser l’investissement citoyen.

Cette nouvelle flexibilité a aussi obligé les structures traditionnelles du champ de la solidarité à faire évoluer leur modèle de fonctionnement. L’EHPAD de la Fondation Cognacq-Jay à Rueil-Malmaison a ainsi dû adapter ses appels à bénévolat. En plus de rendez-vous réguliers, des interventions ponctuelles et sans engagement (ateliers lectures, moments de partage) sont désormais possibles. Mais cette nouvelle organisation à un coût. « Les difficultés de coordination liées à la supervision des différents bénévoles, majorées par l’hétérogénéité de leurs actions, s’avèrent extrêmement chronophages », relève Jean-Laurent Meurice, psychologue et coordinateur des bénévoles au sein de l’EHPAD.

Une mobilisation qui reflète la fracture sociétale entre jeunes

Un dernier enjeu pour les associations est celui d’une meilleure représentativité de toutes les composantes de la jeunesse, en matière d’origine sociale mais pas seulement. Depuis des années, chaque nouvelle enquête statistique rappelle combien l’engagement reste socialement très marqué. Selon le baromètre pour la jeunesse de l’INJEP, il concerne 47 % des diplômés de niveau bac ou supérieur, contre 35 % des diplômés d’un niveau inférieur au bac. Plus marquant : 49 % des étudiants et 48 % des jeunes en emploi sont engagés contre seulement 24 % des jeunes au chômage. On retrouve des écarts similaires parmi les volontaires en service civique, dont les trois quarts sont titulaires du baccalauréat ou d’un niveau d’études supérieures. L’enquête La France Bénévole 2022 n’hésite d’ailleurs pas à parler de « fracture sociale associative », et ce quel que soit l’âge du bénévole. Celle-ci fait valoir une proportion de 22% de bénévoles parmi les Français ne possédant aucun diplôme, contre 56 % parmi les titulaires d’un diplôme d’enseignement supérieur, soit plus du double.

Le rapport de l’Institut Montaigne, « Une jeunesse plurielle » (Une jeunesse plurielle, Enquête auprès des 18-24  ans, Olivier Galland et Marc Lazard, Février 2022), montre lui aussi une corrélation entre le capital culturel des familles et l’engagement des jeunes générations. « Les parents qui eux-mêmes, en grande partie grâce à leur bagage culturel, sont partie prenante des débats et des engagements qui traversent la société, transmettent à̀ leurs enfants ce goût de la participation sociale », écrivent les auteurs du rapport. « Les familles qui n’ont pas acquis ou reçu ces atouts culturels sont en moindre capacité de le faire. Leurs enfants participent moins aux instances collectives, et s’engagent moins dans les débats politiques et sociaux. » 

Cette question du « capital culturel » est donc loin d’être anodine. Elle se manifeste notamment quand il s’agit de faire des demandes de subventions ou de monter des dossiers en réponse à des appels à projets citoyens. « Les dispositifs peuvent avoir des prérequis assez complexes, qui favorisent les jeunes à l’aise à l’écrit et à la prise de parole, souligne Patricia Loncle, sociologue spécialisée dans la jeunesse. Pour ceux qui sont plus éloignés de ces compétences, cela nécessite un fort accompagnement par des professionnels pour monter des dossiers. » La sociologue va plus loin : « Si les besoins basiques de logement ou de nourriture ne sont pas assurés, c’est difficile d’avoir la disponibilité d’esprit pour s’engager. » Et pourtant il apparaît essentiel que les jeunes eux-mêmes « fragilisés » ou en difficulté puissent passer d’aidés à aidants, afin de sortir de la logique de reproduction sociologique des inégalités sociales telles que révélées par bien des études en France et ailleurs en Occident.

Sensibiliser dès le collège

Il est possible de commencer à parler aux jeunes de l’engagement dès l’école, sans attendre les années d’études supérieures. Mis en place par l’Éducation nationale, le parcours citoyen se veut justement un dispositif de sensibilisation au civisme et à l’engagement solidaire. Adossé à l’enseignement moral et civique (EMC), il encourage les actions citoyennes et solidaires au sein de l’établissement ou en dehors. « Ce type d’initiatives doit s’inscrire dans un projet et une vision d’établissement pour être efficace », estime Jérémy Barreix, qui dirige le lycée professionnel Cognacq-Jay d’Argenteuil. « L’engagement solidaire fait partie de notre projet d’établissement et de nos valeurs. En tant qu’équipe pédagogique, notre mission est de travailler l’appartenance des élèves à cette histoire, poursuit le chef d’établissement. Pour la plupart étant issus de milieux populaires, les élèves sont très sensibles à cette notion d’engagement. Le fait d’étudier dans un établissement qui les soutient fortement les motive pour participer et donner en retour. »

Des élèves de bacs pro « Accompagnement, soins et service à la personne » se sont ainsi engagés auprès de l’association Du cœur pour 2 mains, afin de confectionner des cœurs molletonnés en tissu et de collecter des fonds au profit des personnes soignées pour un cancer du sein. Les jeunes participent aussi régulièrement à des maraudes, ou s’engagent dans l’organisation des journées portes ouvertes du lycée, soit autant d’actions qui concrétisent sur le terrain la notion de solidarité, tout en aidant à construire une bonne estime de soi.

Labo artistique pour favoriser la mixité

À Rennes, l’initiative du Laboratoire Artistique Populaire (LAP) est elle aussi une tentative de réponse à cette problématique de fracture sociale. Porté par l’association Keur Eskemm, implantée dans le quartier populaire de Maurepas, le LAP associe des jeunes de ce quartier avec ceux d’autres quartiers, dans un objectif de mixité sociale. Chaque année, une trentaine de participants, du jeune sans diplôme au bac+5, s’engagent pour des expérimentations artistiques (rap, vidéo, fresque, chorégraphie, etc.) durant sept mois. L’association mise à la fois sur l’engagement durable et une certaine souplesse, chacun s’impliquant en fonction de sa disponibilité et de ses contraintes.

L’accompagnement individuel « pour assurer les conditions sociales de la participation » constitue l’un des points forts du projet. « Nous avons eu à affronter des situations difficiles de précarité, explique Manon, la coordinatrice. En fonction des cas, nous les aidons à obtenir une aide financière ou pour se loger, afin qu’ils soient disponibles pour le projet. » Outre trois permanents et trois services civiques, l’association a aussi recours au service d’un assistant de service social pour certaines situations critiques. A la fin du LAP, ceux qui le souhaitent peuvent prolonger l’expérience à travers des échanges européens ou une mission de service civique.

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Depuis 2016, le Laboratoire artistique populaire, implanté dans le quartier de Maurepas à Rennes, accompagne durant sept mois un groupe de jeunes à mener à bien un projet artistique ou culturel. Photo DR

 

Encourager la participation la plus large

Présente dans cinq régions, l’association Osons ici et Maintenant, est également engagée dans l’accompagnement des jeunes afin de les aider à affirmer leurs talents et développer des projets en levant les obstacles sociaux. Inspirée par une initiative développée au Québec, une offre de programmes permet à des jeunes démotivés à trouver à la fois une place et un sens à leur vie.

Dans une autre forme d’inclusion, la plateforme Benenova a développé deux programmes en faveur d’une meilleure inclusion de groupes faiblement représentés. L’un concerne les personnes en situation de handicap, avec une trentaine de participants impliqués. « Nous faisons l’intermédiaire entre les associations et les structures spécialisées dans l’accueil des personnes en situation de handicap tels que les IMP (Instituts médico-pédagogiques) », détaille Alice Madec, directrice régionale de Benenova Paris. Cet accompagnement passe par la sensibilisation des structures et par une réflexion sur l’adaptation des missions, en fonction des possibilités des personnes. Pourtant, la directrice constate combien les associations restent encore frileuses, soit par méconnaissance soit par manque de temps. L’autre programme concerne les personnes réfugiées et demandeurs d’asiles. « Notre rôle est de leur transmettre les codes professionnels et sociaux du bénévolat, de leur faire découvrir le site internet et son utilisation, de les accompagner dans les transports afin qu’ils soient autonomes pour effectuer les missions. » La demande de ces derniers est forte, d’autant plus que leur dossier administratif étant souvent en attente, ils ne peuvent pas toujours travailler. « Leur plus grosse motivation est de rendre l’aide qu’ils ont reçue en France. Ce changement de posture de la personne aidée à l’aidant est très bénéfique », assure Alice Madec.

De la nécessité d’une mobilisation collective

Que révèle, au final, l’émergence de ces nouveaux « engagés » ? Plus d’autonomie et de responsabilités, moins d’astreintes et de hiérarchie, tous ces signaux annoncent-ils un changement en profondeur de la solidarité ? Difficile d’établir un pronostic. Ces attentes des jeunes générations et les nouvelles formes d’actions qui en découlent induisent d’ores et déjà une remise en question des associations traditionnelles dans leurs usages. Les défis sont multiples : tenir les deux bouts de la chaîne solidaire, offrir la souplesse d’engagements plus ponctuels avec d’autres plus durables, indispensables à la pérennisation des activités, favoriser tant la porosité entre ces différents engagements que la transmission entre les générations. Le pari de la diversité et d’une implication réelle des jeunes, qui puissent se sentir véritablement acteurs de la solidarité, est donc aussi essentiel que compliqué à mettre en place.

Cette recherche d’équilibre nécessite encore plus d’efforts d’équipes permanentes pourtant déjà surchargées, en matière d’accompagnement et d’ouverture à de multiples profils. Le milieu associatif ne peut donc en assumer seul la charge. Lui aussi doit être soutenu, accompagné, financé… Une des pistes d’actions est le travail coopératif, en réunissant tous les acteurs concernés (pouvoirs publics, institutions territoriales, structures de l’économie sociale et solidaire, etc.) à l’échelle d’un territoire. C’est clairement le sens des actions que mène par exemple LaBase, laboratoire de terrain relié au département de la Gironde, en créant des espaces communs à tous types de populations là où elles se trouvent, dans leurs villages ou quartiers.

Là est peut-être le préalable à l’engagement des jeunes, notamment auprès des personnes fragilisées, qu’il s’agisse de patients, de personnes âgées ou en situation de handicap : déjà mieux se connaître, grâce à la rencontre et au partage de mêmes préoccupations, voire de convictions communes, sans oublier la participation des associations, organismes de soins et d’accompagnement, mais aussi collectivités locales, entités publiques ou privées pouvant et désirant s’investir. Car il s’avère impossible d’encourager l’engagement social et solidaire des nouvelles générations sans que la société et ses acteurs, institués ou non, en construisent sur le long terme le contexte favorable.

Lire aussi l’entretien avec Claire Thoury sur l’engagement des jeunes, ainsi que le premier article et le deuxième volet de notre enquête.

 

En savoir plus

Données en plus

En 2021, 48 % des 18/30 ans donnent une partie de leur temps bénévolement pour une association ou une autre organisation (parti politique, syndicat, etc.). Dont : 15 % le font à un moment précis de l’année ou à l’occasion d’un événement, 14 % le font quelques heures chaque mois au long de l’année, 19 % le font quelques heures hebdomadaires au long de l’année.